ISLAA : Chapitre 1

ISLAA

Tome 1 : Vengeance


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Chapitre 1 : 

Ce n’était pas moi, mais une autre personne qui semblait faire partie de moi. Qui habitait mon esprit. Ce n’était pas mon souvenir.

Je me trouvais dans un village du moyen âge, je pense, en compagnie d’une magnifique jeune femme, qui semblait avoir mon âge mais dont le visage reflétait beaucoup plus d'années de vie. Elle était presque irréelle. Elle avait les cheveux d’un blanc de neige, et ses yeux étaient d’un bleu profond, sombre et magnétique.


Ses lèvre rouge sang étaient crispées et sa mâchoire serrée de rage. Elle portait une robe, noire très longue, surmontée d'une cape de la même couleur. Elle n'était pas de cette époque. Pas de mon époque. Elle me prit par le bras et me tira avec elle tout en murmurant avec colère. 

-Viens, suis-moi ! Regarde ce qu’ils m’ont fait subir. Regarde ! Toute la haine que j’ai en moi m'étouffe, j'ai besoin de toi...


Sa queue de cheval ondulait et dansait sur son dos au rythme de nos pas effrénés. 

-Mais vous êtes qui, au juste ? Et c'est quoi cet endroit ? Interrogeai-je, perdue.

–Je m'appelle Islaa. Répondit-elle. Et nous sommes dans l'un de mes souvenirs, quand j'avais dix ans. Presque une décennie avant l’année où tu te trouve à présent. Neuf cent trente-sept ans plus tôt, plus précisément.


Je me tus et me contentai de la suivre. De toute façon, qu'est-ce que je pouvais répondre à ça ? 

Je remarquai que personne ne nous voyait. Nous étions un peu comme des fantôme. Les villageois avaient un visage terne, fatigué, et torturé. Ils étaient tous maigres et frêle. Je frissonnai.

Les habitations étaient pauvres ; faites de bois, et de paille. Soudain, Islaa focalisa son attention sur une fillette étrange et s’arrêta, m’invitant au passage à en faire de même. Elle ressemblait légèrement à Islaa. Cheveux blanc, grand yeux bleus, la peau très blanche et l'air albinos. On aurait dit un petit elfe. Elle était mignonne mais son expression semblait encore plus torturé que celui des autres villageois. 


-C’est moi, expliqua-t-elle, simplement. Quand j'étais enfant.


La petite fille portait une robe déchirée et transportait de l’eau dans un seau bien trop lourd pour une fillette de son âge. Elle ne devait pas avoir plus de dix ans. Elle passa près de nous sans même nous voir. Nous étions donc bien invisible.  

Nous suivîmes la fillette jusqu’à la grande place du village un grand homme portant une espèce d'armure noire, aux traits dures, attendait impatiemment.

Lorsque la petite Islaa apporta le grand seau à l’homme, celui-ci l’attrapa par le bras et gronda : 

-Une minute de retard ! J’avais dit pas de retard ! Comment justifies-tu cela, petite incapable ?! 

Et tandis qu’il parlait, il la secoua si fort que je craignis que ses os ne se rompent. Je retins un cri. Islaa, à côté de moi, avait le visage crispé de colère. Je me concentrai sur la scène.


-Je… Je… suis tombée deux fois en cours de chemin et j’ai dût retourner deux fois à la grande source pour remplir le seau. Mais… Je vous en pris ne me punissez pas… J’ai fais de mon mieux, sire !


L’homme partit d’un grand éclat de rire, aussitôt imité par le reste des cavaliers qui le suivaient partout.


-Entendez-vous ça ?! Railla-t-il. Une minute de retard sans châtiment ! Te crois-tu meilleure que les autres, jeune fille ?


 Le grand homme avait de longs cheveux noirs qui lui tombaient sur les épaules, des yeux d’un gris sombre et menaçant, ainsi qu’une carrure lourde mais puissante. Deux de ses gardes ne le quittaient pas d’une semelle et restaient étrangement impassibles.L'homme leva un bras et tout le monde se tut. La fillette était pétrifiée et tremblante. Une larme roula sur la joue d’Islaa et elle serra ma main dans la sienne.

-Qu’on m’amène Quetsya, la mère de la petite, ainsi que son faux-père ! Cria ce monstre aux yeux gris.

-Non ! Vous n’avez pas le droit de leur faire de mal ! Laissez-les tranquille, je vous en supplie ! Je vous en pris ! S’il vous plait… Sanglotait la petite.


Une belle femme blonde aux yeux noirs d’une trentaine d’années et un homme brun du même âge, je pense, furent amenés sur l’estrade de la grande place.

-Cours Islaa ! Cours ! Cria la mère. 

L’enfant ne bougea pas d’une semelle. Elle semblait figée telle une statue de glace, fixant sa mère comme si elle voyait au-delà du visage tendre de la femme.

-Tu n'es qu’un imposteur au cœur de pierre ! Brûle en enfer, Sillas ! Hurla la femme en se débattant avec rage.

Sillas s’approcha d’elle la saisit par les cheveux et lui cracha au visage : 

-Peut-être que si tu ne t’étais pas alliée contre moi avec ta horde de sorcières. Peut être… Peut être serais-tu toujours ma femme. Peut être n’aurais-tu jamais eu à subir ce sort. Peut être vivrais-tu toujours comme une princesse dans mon manoir. Peut être que ta fille ne serait jamais destinée à devenir orpheline de mère. N’est-ce pas Quetsya ? Alors tais-toi, sorcière ! Tout est de TA faute.


Il la jeta par terre et se dirigea vers son mari. 

-Quand à toi, fit-il, peut être que si tu n’étais jamais tombé sous le charme monstrueux de cette sorcière, n’aurais-tu jamais été son mari. Peut-être que tu vivrais toujours. Peut être n’aurais-tu jamais souffert. Épouser l’ancienne femme de ton supérieur… De ton roi, plutôt… qui plus est, est une sorcière… Mon cher Idren, sache et rappelle-toi pour toujours que ce fut la pire erreur de ta vie.


L’homme à genou lui lança un regard meurtrier et siffla : 

-Si tu essayes de me faire culpabiliser, et bien sache que c’est raté, Sillas. Je ne regrette rien du tout.

–Très bien, donc, nous allons commencer par toi. Alezan, Steph ! À vous de jouer ! Cria-t-il à ses deux inséparables gardes du corps.

Le dénommé Idren fut soulevé du sol puis attaché à un pieu. Je me retournai vers Islaa dont les joues étaient striées de larmes et m’écriai :

-On dois faire quelque chose ! Pourquoi est-ce qu'on ne fais rien, hein ?! Elle me regarda et sourit tristement :

-Il est trop tard, à présent. Nous ne pouvons rien faire ; car le passé est passé. Ce n’est qu’un souvenir. Rien qu’un souvenir.


Chacun des deux gardes prit une dague et commencèrent l’atroce torture. Quetsya criai. La petite Islaa semblait debout mais inconsciente. Entendait-elle les hurlement de l'homme ?


Soudain Steph, l’un des deux bourreaux, hurla de douleurs et frappa le front de Quetsya avec sa dague. Elle s’effondra sur le sol toujours consciente, mais immobile. Elle lui avait probablement jeté un sort, devinai-je.

Alezan coupa la main gauche d’Idren et Steph trancha la droite. C’était tellement atroce que je fermai les yeux et bouchai mes oreilles. Islaa me fit signe de regarder.

Les deux hommes enfoncèrent leurs dagues dans le ventre du jeune homme, puis les retirèrent, puis recommencèrent. Du sang sortait de sa bouche. Je crois qu'il était déjà mort à ce moment là. Alezan détacha sauvagement le corps.Le jeune homme était, en effet, mort, les yeux écarquillés, le corps couvert de blessures graves. 

Quetsya se leva lentement afin de ne pas alerter les gardes, s’approcha du corps de son défunt mari, lui ferma les yeux, embrassa son front et chuchota :

-J’arrive, attends-moi. Je serais bientôt là. 

Et tandis qu’elle était agenouillée près du corps, je vis Sillas hocher la tête. Steph leva sa dague, tira la tête de Quetsya en arrière, dévoilant sa gorge. Lorsqu'il lui trancha la gorge, ce fut comme s'il lui dessinait un étrange sourire sanglant.Les yeux ouverts dans le vide, elle s'effondra sur le corps de son époux, un étrange sourire serein aux lèvres.

Sillas sourit, satisfait. Je n’eus soudain qu’une envie ; lui faire avaler son épée. Le choc était tellement ébranlant que je ne remarquai même pas que je venais de vomir et qu'Islaa me serrait la main à m'en faire mal. Le tyran prit le seau et jeta l’eau glacé sur la fillette, tout en déclarant :

-J’espère que tu me pardonneras cela un jour, ma fille. Je veux que tu sois forte et l'amour est une faiblesse. Islaa, un jour tu seras comme moi. Après tout, ne dit-on pas, tel père telle fille ?

 Puis, il s’en alla, suivit de ses cavaliers.

J'avais bien entendu ? Cet homme était le père d'Islaa ?! 

La petite fille n’avait pas sourcillé depuis le début du spectacle. Tout les villageois se dispersèrent et elle tomba, inconsciente.


-Aides-moi, me supplia Islaa en lâchant ma main. Je suis prisonnière dans un endroit sombre et noir. Aides-moi, Kate. Je dois me venger.


Je dois me venger...


Je dois me...


Je...


J'ouvris les yeux.





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